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Vers un recyclage de tous les emballages plastiques en France ?

Vers un recyclage de tous les emballages plastiques en France ?

Chaque année, plus d’un million de tonnes d’emballages en plastique sont mises sur le marché en France. Sur ce chiffre imposant, seulement 230.000 tonnes sont recyclées.

Et si l’on mettait tous les emballages en plastique dans le bac de tri pour inverser la tendance? C’est ce que propose Eco-emballages, dans le cadre d’une expérimentation qui débutera début 2012.

Un taux de récupération faible

Les taux de récupération et de recyclage des plastiques sont encore aujourd’hui très faibles par rapport au verre, aux métaux ou même au papier, car cette matière reste difficile à recycler. En effet, la pluralité des formules chimiques utilisées pour composer le plastique rend la récupération et le tri des déchets plus compliqués. Seuls les bouteilles et les flacons, qui sont majoritairement composés de deux résines, le PET et le PEhD, ont quelques débouchés car facilement identifiables, captables et recyclables. Ce qui n’est pas le cas des autres emballages plastique. Le taux de recyclage de l’ensemble des emballages en plastique est de 22,5% en 2010, le reste est enfoui ou valorisé (incinéré).

Face à ces subtilités industrielles, les Français sont perdus et ne savent plus ce qui doit aller dans la poubelle de tri. De plus, ces déchets d’emballages coûtent cher à la collectivité territoriale, qui doit payer le coût du tri, de l’incinération et de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). «Le recyclage du plastique coûte environ 900 euros la tonne, ce qui est bien plus que le verre», témoigne Vincent Casper, directeur du Syndicat mixte pour la gestion et l’incinération des déchets urbains de la région de Sarcelles.

«Il faut donc agir en amont, réduire à la source, réduire le poids des emballages et encourager les industriels qui font des efforts. En aval, il faut capter par la collecte un maximum de ces emballages pour accroître le recyclage», a déclaré Eric Brac de la Perrière, directeur général d’Eco-emballages, lors d’une conférence de presse aujourd’hui 7 juillet.

Extension des consignes de tri

L’éco-organisme a annoncé le lancement en janvier 2012 d’une opération qui concernera près de 5 millions d’habitants dans 83 collectivités, sur trois ans. Cette expérience, si elle est validée, pourrait ensuite être généralisée à l’ensemble de l’Hexagone. Ainsi, tous les emballages ménagers en plastique (du pot de yahourt à la barquette de fruit en passant par le sachet de produit congelé) pourront être déposés sans se poser de questions dans le bac de recyclage. «Tant les milieux urbains denses et socialement défavorisés, qui ont tendance à peu recycler, que les milieux ruraux isolés vont participer à cette expérience», souligne la société, qui va financer l’opération pour un montant total de 30 millions d’euros (10 millions par an). «En développant le recyclage des emballages plastiques, on peut ainsi recycler 140.000 tonnes supplémentaires», explique Eric Brac de la Perrière. En étendant les consignes de tri de la sorte, les taux de recyclage de ces emballages particuliers pourraient doubler et atteindre 40%.

Pour l’Association des maires de France, «il ne s’agit pas là d’un simple déploiement de ce que les collectivités font déjà, mais de trouver de nouvelles méthodes pour identifier le bon processus à suivre, le tout en maîtrisant les coûts», selon Jacques Pélissard, son président. L’association qui représente les collectivités, Amorce, reconnaît que le lancement de l’expérimentation est plutôt une bonne nouvelle, mais qu’elle aurait pu être mise en œuvre depuis longtemps. «Cela fait 5 ans que nous demandons cette extension des consignes de tri aux plastiques. Il était temps de sortir d’une situation ubuesque dans laquelle les caisses d’Eco-emballages étaient alimentées pendant que celles des collectivités se vidaient», nous confie Nicolas Garnier, délégué général d’Amorce.

La phase de préparation de cette opération ne se fait pas sans douleur. «Plus de 15 millions d’habitants auraient pu participer à l’expérimentation, il y avait donc beaucoup de volontaires. Eco-emballages a fait évoluer les critères de sélection sans réellement échanger avec les autres parties prenantes, ce qui a crispé les collectivités locale; certaines se sont retirées de l’appel d’offre. Nous avons d’autre part insisté pour que le tri des plastiques se fasse sur 100% d’un territoire choisi», poursuit Nicolas Garnier.

Autre élément de discorde, les «contrats d’action pour la performance» ou CAP, qui devraient donner aux collectivités davantage de moyens pour améliorer leurs résultats (plus les habitants trieront, plus Eco-emballages soutiendra les collectivités). Ce contrat comporterait de nombreux points flous et discutables, comme la possibilité, pour les éco-organismes, de soumettre des avenants au contrat au cours de son application. «Acceptés par l’AMF qu’ils considèrent comme seuls interlocuteurs légitimes, ces avenants s’appliqueraient ensuite automatiquement aux collectivités. En cas de refus individuel de celles-ci, les éco-organismes auraient alors la possibilité de dénoncer le contrat qui les relient, ce qui priverait alors les collectivités d’aide au financement de la collecte des déchets. A l’inverse, le CAP ne prévoit pas que l’AMF, au nom des communes, puisse proposer sa modification», détaillait Amorce dans un communiqué de juin dernier. Aujourd’hui seulement 70 collectivités sur 1300 ont signé un CAP.

Mais Jacques Pélissard semble serein sur ce point. Il assure par ailleurs que les surcoûts de l’expérimentation, en fonction des zones, seront entièrement couverts par l’éco-organisme.

Parallèlement à l’expérimentation qui sera effective en janvier 2012, les solutions industrielles pour développer des techniques de recyclage des nouveaux emballages plastiques collectés sont à l’étude. Eco-emballages a lancé en mars 2010 un appel à projets afin d’accompagner le développement de ces solutions pour les filières à venir. 9 projets industriels sont déjà prêts, annonce la société.