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La « bouteille végétale », pas si écolo que Volvic le prétend…

La « bouteille végétale », pas si écolo que Volvic le prétend…

Entre l’eau du robinet chlorée, bourrée de pesticides ou d’hydrocarbures aromatiques polycycliques, et l’eau en bouteille génératrice de déchets, Volvic pensait avoir trouvé la solution rêvée. Las, sa « bouteille végétale » n’est pas écolo : elle est en plastique 100% plastique.

Le plastique de cette bouteille-là est un PET (un mélange d’acide téréphtalique et d’éthylène glycol), comme ses cousines plus « classiques ». Sauf que les 20% d’éthylène glycol de la « bouteille végétale » sont issus d’une mélasse de canne à sucre. Ce déchet est issu de la production de sucre de canne, cultivée et transformée en Inde, alors que les autres bouteilles sont à 100% constituées d’hydrocarbures.

Chez Danone, maison-mère de Volvic, Thomas Lapacherie, chargé de communication, le reconnaît :

« La molécule issue du végétal remplace ainsi une des molécules du PET, mais sa composition chimique finale est exactement la même. »

Concrètement, cette « bouteille végétale » nécessite (un peu) moins d’hydrocarbures consommés, mais engendre toujours autant de ce satané plastique, qu’on retrouve dans le ventre d’oiseaux sauvages, assemblé en continents flottants dans le Pacifique et l’Atlantique.

L’autorité de régulation de la pub alertée

L’apparition de cette bouteille pseudo verte a, logiquement, fait bondir les spécialistes du secteur.

La filière du « bioplastique » – représentée par Pascal Bastien, le président de Vegetal & Mineral Water SAS, une PME de Champagne-Ardenne) – travaille à produire un plastique à base de résines végétales, totalement biodégradable. Ulcéré par ce qu’il considère comme de la publicité mensongère, son représentant a alerté l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP). Danone assure qu’elle a travaillé en collaboration avec l’ARPP pour élaborer sa campagne et n’avoir, depuis, reçu aucun signalement émanant de l’autorité.

Pascal Bastien dénonce un plastique qui n’est « ni biodégradable, ni compostable et qui est toxique pour l’environnement ».

La Fondation France Libertés parle de « greenwashing de bonne foi, mais qui ne résout rien au niveau de la filière déchet ». Emmanuel Poilane, le directeur de la Fondation de Danielle Mitterrand, dénonce la « perversion du système qui amène à pouvoir annoncer comme “ verte ” une activité polluante au final ». Il se prend à rêver :

« Si ces bouteilles étaient réellement composés de végétaux, on pourrait les enterrer dans son jardin ! »

Un des efforts de Volvic en matière d’écologie

Le directeur du comité nature Evian-Volvic et des usines de la marque, Stéphane Cousté, se défend en assurant :

« La bouteille est 100% recyclable. C’est une étape de plus pour Volvic. »

Il rappelle que la politique de développement durable de la marque a permis de réduire de 20% le poids des emballages des bouteilles et d’intégrer du plastique recyclé, ou de réduire le poids des bouteilles (de 10%).

Quand une bouteille sur deux seulement trouve le chemin de la poubelle de tri – pour finir en billes de plastique la plupart du temps – et que 100% du plastique en fin de vie finira enfoui ou incinéré, on comprend que, végétale ou pas, Volvic a bel et bien mis sur le marché une bouteille aussi polluante que ses concurrents. Il ne reste plus qu’à militer activement pour une eau de qualité à la sortie du robinet.

Source : https://www.rue89.com/