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« Super Trash », le film qui fouille dans vos poubelles

« Super Trash », le film qui fouille dans vos poubelles

Super Trash, le film.

Martin Esposito a passé deux ans dans une décharge à ciel ouvert. Il en a rapporté des images étonnantes, parfois inquiétantes.

Martin Esposito a filmé pendant plus de deux ans sa vie passée dans une décharge des Alpes-Maritimes, dans le sud de la France. Long-métrage aux airs de documentaire, Super Trash montre l’envers du décor d’une consommation exacerbée. Les protagonistes ? Les déchets, et Martin Esposito, 35 ans, qui se met en scène. Certains seront choqués, et c’est le but. Le soir de l’avant-première, lors de la Global Conference 2012 à Évian, la réaction du parterre d’experts en développement durable présents est unanime : malgré l’écœurement des spectateurs, Super Trash est acclamé.

Le synopsis ? Martin Esposito, accompagné de trois caméras, vit pendant deux ans dans la décharge de La Glacière, à Villeneuve-Loubet, et en filme les moindres détails. Tournant le film seul, il n’hésite pas à faire des kilomètres à pied pour cadrer et tester l’image. Quant aux zooms, ils sont réglés en postproduction. « Notre légitimité, c’est de parler de cinéma, sinon ce serait journalistique », explique l’un des producteurs.

Inventaire à la Prévert ? Non une déchetterie

Durant ces longs mois passés au sein de la décharge, Martin Esposito vit dans une cabane en bois à quelques centaines de mètres des hectares de déchets. Il filme ses journées et confie ses impressions à la caméra. Ce qu’il supporte le moins, ce sont les maladies de peau qu’il attrape régulièrement et l’infernale odeur qui se dégage des milliers de tonnes de ces différentes matières amassées. D’ailleurs, sa caméra en est aujourd’hui encore imprégnée.

D’innombrables objets de la vie quotidienne sont montrés à l’écran pour le plus grand dégoût des spectateurs : des jouets d’enfants, des kilos de nourriture consommable, des meubles, des revues pornographiques, des mètres de plaquettes de médicaments ou encore… des cercueils ! Le tout recouvert d’un gaz nauséabond. Pour le jeune metteur en scène, le plus choquant est la capacité des gens à jeter des « souvenirs ». « J’ai retrouvé des milliers de photos de famille et des correspondances datant de la guerre 14-18. C’est triste à l’heure de l’ère numérique ! » confie-t-il.

« Nous sommes nos propres ennemis »

À l’origine de ce projet insensé, une prise de conscience et une remise en question : lorsque Martin Esposito voit le film d’Al Gore Une vérité qui dérange, en 2006, il est choqué par tant de négligence vis-à-vis des problèmes environnementaux. Il se met dans l’idée de faire le tour du monde des décharges à ciel ouvert. « On entend beaucoup plus parler de la pollution de l’air, et non de celle de la terre. Quand on ferme le couvercle de la poubelle, on ne pense pas à la suite de l’histoire. J’ai voulu montrer l’envers du décor. » Finalement, il commence son épopée dans le sud de la France, à deux kilomètres de là où il a grandi, et y restera presque deux ans.

« J’ai pris conscience que, dans un pays scientifiquement avancé comme le nôtre, aucune technologie n’existait réellement pour le traitement des déchets. Je devais rester sept jours dans cette décharge et puis, au final, j’y suis resté jusqu’à la fermeture du site« , continue-t-il. Pourtant, Super Trash n’accuse personne. Toute marque de société de triage de déchets est floutée et aucune politique n’est visée. Seuls les « mensonges » de certains organisateurs de grands événements – comme le Festival de Cannes, pour ne pas le citer – sont mentionnés.

Bande annonce de Super Trash

À la publicité faite par le célèbre festival sur son respect du tri sélectif répondent des images de kilos de tapis rouge amassés au milieu de poulets morts ou de plastique déchiqueté. À la question « la faute à qui ? » Martin rétorque simplement : « Nous sommes nos propres ennemis. » Pour Philomène Esposito, sa mère et productrice du film, « c’est un film pour, et non un film contre ». « Dans ce film, Martin n’accuse personne, et c’est sa force. Les gens, même connaisseurs, restent de marbre face à ce désastre, on voudrait seulement que ça amène à une réflexion collective. Ce n’est pas une œuvre polémique, car nous ne sommes pas militants. »

Sortie en salles en octobre 2013.

Source : Le point

Famous design

Tuesday 15th of January 2013

Il fallait oser de faire un film comme celui-ci, car dans un pays soi-disant civilisé comme le nôtre, certaines choses doivent rester cachées. Chapeau d'avoir tenu si longtemps, car je me doute des odeurs pestilentielles : j'ai déjà testé une poubelle d'aliments pleine pendant 15 jours avant que les éboueurs ne passent. En plein été, vous imaginez que les vers se développent rapidement, alors des tonnes de déchets ! Encore une fois, on voit le gaspillage des objets jetés et pourtant encore utiles, et ça se passe en France sous nos yeux !