Depuis quelques années, le bouchon de liège présent sur les bouteilles de vin est concurrencé par des équivalents en plastique ou en aluminium. Ce détail pour le consommateur accroît pourtant inutilement les pressions sur l’environnement.
La fabrication des bouchons en liège.
Le liège est extrait de l’écorce du chêne-liège (Quercus Suber), une espèce unique en son genre puisque son écorce, le liège se régénère une fois extraite. C’est lorsque l’arbre atteint l’âge de 20 à 25 ans que la première couche de liège est extraite. Il faut cependant attendre encore au moins 18 ans avant d’obtenir une écorce adaptée à la production de bouchons de qualité. Cette délicate opération d’écorçage, confiée à des personnes aguerries, sera répétée tous les 9 ans, période durant laquelle les arbres ne seront jamais coupés ni endommagés.
La récolte du liège reste très artisanale. C’est un processus ancestral qui ne peut être effectué que manuellement avec des haches adaptées. Cette opération est en effet très délicate et s’effectue au moment de la phase active de croissance pour ne pas blesser l’arbre. Le risque est d’endommager la couche mère en frappant jusqu’au bois et ainsi de sectionner les vaisseaux conducteurs de sève, ce qui pourrait aller jusqu’à tuer l’arbre.
Le liège se récolte de la fin du printemps et pendant l’été ( entre mai en août), tous les 9 ans minimum lorsque l’arbre est adulte. La durée de vie moyenne du chêne-liège est de l’ordre de 150 ans, soit environ 12 à 15 levées par arbre.
Chaque année, environ 300 000 tonnes de liège sont extraites dans le monde, le premier pays producteur étant le Portugal avec 52,5 % de la production. 69% de la production de liège est exploitée pour la fabrication de bouchons pour les récipients en verre, ce qui représente près de 14 milliards de bouchons en liège !(1)
Si le liège sert traditionnellement à fabriquer des bouchons à vin, ses propriétés exceptionnelles le destinent à de multiples usages : matériaux isolants, éco-construction, aérospatial, chaussures, instruments de musique, décoration, ameublement, sièges de voiture, articles de sports, canne à pêche, secteur industriel…
Léger, résistant, élastique, imperméable, naturel et recyclable, le liège a de nombreux atouts qui ont séduit l’humanité depuis plus de 5000 ans ! Et pourtant, depuis quelques années, la recherche de nouveaux marchés par les industriels le met en concurrence avec les bouchons en plastique et en aluminium.
Les avantages environnementaux du liège.
Les produits alimentaires liquides ont vu leur emballages évoluer : la bouteille en verre est en perdition, remplacée par les briques alimentaires dont le bilan environnemental est pourtant sujet à caution. Si pour le vin, la bouteille en verre résiste encore bien, son traditionnel bouchon en liège a vu l’arrivée de nouveaux concurrents : les bouchons en plastique et en aluminium.
Pourtant, sous le mirage marketing du toujours mieux et du toujours plus pratique, ces pseudos innovations sont bien plus préjudiciables pour l’environnement que le bouchon en liège.
Bilan carbone.
En tant que produit végétal, le liège travaillé continue à retenir du carbone (moitié de son poids sec, soit environ 1,7 g de carbone par bouchon naturel ou 6,2 g de CO2), et ce pendant une période plus ou moins longue selon les processus de traitement des déchets institués par chaque pays ou région. Cette fonction ne s’achève qu’avec l’incinération et le refoulement du carbone sous la forme de CO2 vers l’atmosphère.
Une étude menée par le cabinet PriceWaterHouseCoppers/Ecobilan mise en œuvre par Corticeira Amorim il y a deux ans compare le cycle de vie des bouchons en liège à celui des capsules en aluminium et autres obturateurs en plastique. Elle conclut que, en ce qui concerne l’émission de gaz à effet de serre (responsables du réchauffement climatique en cours), la production et l’utilisation de chaque obturateur en plastique émettent 10 fois plus de CO2 qu’un bouchon en liège et que les émissions de CO2 d’une capsule en aluminium sont 26 fois supérieures à celles des bouchons.
Autre aspect particulièrement important : l’extraction du liège a un effet minimum sur le stock et sur le bilan en carbone des montados(2). En effet, on estime que le liège qui est extrait tous les 9 ans des chênes-lièges représente environ 4% de la production de biomasse totale des arbres sur la même période. Ce qui signifie que l’exploitation du liège dans le montado a un impact très limité sur la fonction de puits de carbone de ces arbres, contrairement aux forêts exploitées pour le bois et non renouvelées.
Autres avantages environnementaux.
Les bouchons en liège présentent aussi des avantages environnementaux par rapport aux obturateurs alternatifs au niveau de la consommation de ressources naturelles, des émissions de gaz et particules vers l’atmosphère, des rejets de produits polluants dans l’eau et de la production de déchets.
Les paysages des forêts de chênes-lièges illustrent l’équilibre entre la préservation d’un écosystème (plantes et animeaux rares) et le développement d’activités professionnelles raisonnées. Des reptiles aux lynx Ibériques en passant par les oiseaux migrateurs, chaque espèce trouve ici la nourriture et l’espace nécessaire à son bon vivre. Côté végétaux, les subéraies du bassin méditerranéen abritent plus d’une centaine d’espèces de plantes aromatiques culinaires ou médicinales. Et le chêne-liège est particulièrement résistant aux feux de forêts qui ravagent régulièrement le pourtour Méditerranéen. Pour les Hommes, ces écosystèmes offrent des opportunités de developpement à des régions socialement et économiquement pauvres tout en préservant les sols face à l’avancée de la désertification.
De plus, les sous-produits issus des différentes étapes de fabrication des bouchons et non utilisables sont transformés en liège aggloméré et utilisées pour d’autres applications entres autres dans l’architecture et la décoration.
Enfin, les bouchons sont entièrement recyclables. Récupérés, ils sont broyés en granulés de différentes tailles qui serviront principalement à la fabrication de matériaux isolants et de parquets. Dans tous les cas, les bouchons de liège ne peuvent pas être réutilisés comme bouchons.
Malheureusement, la filière de récupération des bouchons n’est pas encore mûre même si de nombreux projets en Europe et aux USA sont en cours et que des pays comme l’Allemagne ou la Belgique récoltent environ 10% des bouchons de liège utilisés sur leur territoire. Les professionnels du liège se mobilisent France se mobilise aujourd’hui pour une organisation had hoc. Certaines associations proposent de récupérer vos bouchons.
Regain de dynamisme.
Heureusement, pour le vin, les producteurs adeptes de la capsule à vis sont forcés de constater que la majorité des consommateurs reste attachée au bouchage liège. Selon un sondage Ipsos d’avril 2010, neuf Français sur dix préfèrent le bouchon de liège à tout autre système pour leur bouteille de vin. « Les premières années, tous les acheteurs anglo saxons se sont précipités sur la capsule à vis, mais pour le millésime 2009, je n’ai que 36 bouteilles en commande ! » se lamentait dans le Figaro du 14 avril 2011 Jean Luc Zell, directeur du chateau d’Agassac, cru bourgeois du Médoc… »
Au final, le meilleur récipient pour le vin reste la traditionnelle bouteille en verre, recyclable à l’infini et son bouchon en liège, naturel et recyclable. Les substituts issus de la pétrochimie et de l’industrie minière n’apportent rien si ce n’est que développer de nouvelles filières industrielles polluantes qui encombrent nos installations de traitement de déchets.
Source : https://www.notre-planete.info/