C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai regardé « Plastic partout, histoires de déchets » récemment. Un reportage diffusé sur Arte et abordant cette catastrophe écologique : la pollution par le plastique.
Au moment où j’écris cet article, il est disponible en Replay mais pas pour longtemps. J’essaierai de maintenir à jour le lien vous permettant de le voir ou de le revoir. Parallèlement, je vous propose un petit résumé du documentaire Plastique Partout accompagné de mes réflexions sur le sujet.
D’abord, l’introduction nous plonge tout de suite dans le cœur du sujet. Au travers de chiffres qui laissent sans voix et qui ne peuvent que nous motiver à trouver des solutions (réalistes) pour combattre la pollution générée par ce matériau aussi pratique que polluant.
Des chiffres sur le plastique qui parlent d’eux-mêmes
- plus de 8 milliards de tonnes de plastique ont été produites depuis son apparition (1950).
- si l’on devait l’imaginer le volume de cette production, cela correspondrait à une feuille de cellophane englobant une fois et demi la terre.
- la moitié de ce plastique a été produit entre les années 2002 et 2015
Une chose est sûre. OUI, nous sommes en train de plastifier notre planète et il n’existe aucune stratégie globale pour réduire cette production.
Aussi, rajoutons à ça qu’une fois produite, cette matière première est bien trop précieuse pour être jetée. Il n’y a donc (pour moi) aucun intérêt à retrouver les plastiques recyclables dans un processus d’incinération appelé communément valorisation énergétique.
Du plastique partout
Effectivement, bien que nous soyons conscients que le plastique ait un effet très néfaste pour nous même et notre environnement, il faut bien reconnaitre qu’il nous submerge et qu’il est omniprésent dans notre vie quotidienne ; récipients de cuisine, emballages alimentaires, ballons de foot, jouets, composants de nos appareils électriques/électroniques de nos voitures, etc. etc… Il me serait impossible de vous dresser une liste exhaustive tellement la liste est longue !
Car oui, il faut le reconnaitre, le plastique présente également plusieurs avantages et c’est sûrement pour cela qu’il a autant de succès :
- léger
- polyvalent
- solide
- souple
- moins fragile que d’autres matériaux
- pratique
- bon marché
Effectivement, on aurait par exemple du mal à imaginer le monde médical sans plastique. Dans ce secteur, son utilisation même éphémère (car le plus souvent jetable) est indispensable pour garantir des soins et des interventions rapides à l’aide d’outils et d’instruments qui nécessitent obligatoirement d’être stérilisés.
Pour cette raison, je ne suis ni l’ami ni l’ennemi du plastique mais je suis pour limiter fortement sa production et modifier l’usage que nous en faisons dans divers domaines.
Par exemple, j’utilise un porte-carte en plastique (recyclable) dans la vie de tous les jours (6 ans d’utilisation quotidienne) :
Offert en 2012 par mon fils à l’occasion de mon anniversaire quand nous vivions au Canada. Il est donc en plastique et a été pensé et fabriqué intelligemment (localement – du design à sa fabrication) afin de durer dans le temps. Un objet du quotidien très pratique ! Car ne nous voilons pas la face. Nous savons tous que ce critère est très important dans le choix que nous faisons quand nous achetons quelque chose.
J’ajouterai un seul bémol et cela concerne son emballage. Inutile. Ou alors dans une autre matière que le plastique.
Pour moi, ce type de produit à toute sa place dans notre société. J’entends déjà certains lecteurs grincer des dents 😉
Ensuite, le problème majeur auquel nous sommes confrontés est qu’on a créé (je parle bien sûr du plastique) quelque chose de pratique et de magique sans se soucier de l’empreinte désastreuse qu’on laisserait.
Pour freiner et règlementer sa production, des décisions politiques internationales sont indispensables.
C’est pourquoi, il est également primordial d’améliorer et de localiser son recyclage le plus souvent possible. Car il est trop facile de montrer certains pays du doigt (souvent pas très riches) sans les aider ou leur apporter des solutions efficaces afin de réduire cette pollution de plastique ou l’on retrouve en majorité des emballages (d’où l’intérêt de préférer les emballages en carton). Je vous parle un peu plus bas de la Chine qui est manifestement un très bon exemple.
Le plastique a de la valeur
Autre problème qu’on a souvent tendance à négliger : le plastique a de la valeur.
Pour beaucoup de professionnels, son usage unique est beaucoup plus rentable comparés à un usage multiple.
On peut citer par exemple le groupe Coca Cola qui pratique peu le système de consigne (comparé au volume de ses ventes). La généralisation des bouteilles consignées n’est plus une priorité, ce qui n’était pas le cas auparavant.
Le plastique est voyageur
Du plastique partout…
Dû à la délocalisation de nombreuses usines pour des raisons de coût produit/main d’œuvre, nous importons énormément de produits en plastique depuis l’Asie.
Du coup, lorsque ces mêmes produits finissent aux déchets (quand ce n’est pas dans la mer ou en montagne), ils repartent dans l’autre sens pour être traités et recyclés par ce grand pays que nous montrons souvent du doigt, la Chine ainsi que le Vietnam.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Du plastique partout oui mais d’où vient-il ?
Ce sont les fleuves qui amènent le plus de plastique dans les mers.
Production de déchets plastiques de 1950 à 2050
Entre 1950 et 2015, l’humanité a produit 6,3 milliards de tonnes de déchets plastiques. Sur ces 6,3 milliards :
- 9% environ sont recyclés
- 12% sont brûlés
- 79% des déchets éparpillés dans le monde se retrouvent dans des décharges ou atterrissent tout simplement quelque part dans l’environnement.
Les scientifiques estiment que si nous continuons de la sorte, en 2050, près de 12 milliards de tonnes de déchets plastiques dériveront à la surface des océans… Dont acte.
Venons-en maintenant à l’exportation de ces déchets plastiques. Car la France comme beaucoup d’autres pays jusqu’à aujourd’hui, ont externalisé le problème de son recyclage ou de sa valorisation.
Exportation des déchets plastiques
La Chine et le Vietnam étaient jusqu’en 2018, la principale déchetterie de l’Europe ainsi qu’une partie de la déchetterie du Monde.
Rendez-vous compte !
Plus de la moitié des déchets plastiques en provenance du monde entier (56% exactement) sont acheminés vers la Chine. Pour l’Union Européenne, ce chiffre monte à 87%…
Mais aujourd’hui, la Chine n’en veut plus et c’est une très bonne décision de leur part. Elle n’a pas à être la déchetterie de l’Europe !
Il est trop facile pour les pays occidentaux de déplacer le problème puis de fermer les yeux sur les normes environnementales ou de santé publique non respectées.
A nous et à chaque pays d’être responsable de ses propres déchets. Ce n’est pas les solutions qui manquent. Car il est totalement fou d’imaginer que nos déchets puissent encore à ce jour quitter l’Europe pour être transportés à l’autre bout du monde.
Arrêter l’exportation de ces déchets doit devenir une priorité et même une obligation. Mais les lois européennes sont souvent permissives. J’ai appris dans le reportage Plastique Partout le détail suivant et ahurissant :
Officiellement, il est interdit d’exporter les déchets. Sauf s’ils sont considérés comme matière première car ils sont considérés alors comme des marchandises.
À quand une réelle volonté politique pour changer ces lois non adaptées !? Des lobbies plus efficaces et plus persévérants que nos politiques actuels ? J’en suis certain !
1er problème majeur : l’industrie du plastique
Le plastique est un gros business. C’est un marché en pleine expansion. L’industrie européenne du plastique représente un chiffre annuel de 340 milliards d’euros, emploie environ 1,5 millions de travailleurs répartis dans 60000 entreprises.
Au vu de ces chiffres, il faudra être très malin et plus que convaincant pour faire réduire la production du plastique.
2ème problème majeur : le plastique dans les pays les moins riches
Du plastique partout dans ces pays sachant que 2 milliards de personnes vivant dans ces pays n’ont pas les moyens (et on ne les aide pas trop, soyons honnêtes) de traiter correctement ces déchets plastiques. On parle ici de l’Amérique Centrale, l’Amérique du Sud et de l’Asie.
Sur ce dernier continent, on apprend dans « Plastique partout » que les 5 pays suivants sont ensembles, responsables de la moitié de la pollution au plastique dans le monde ! Chine, Thaïlande, Indonésie, Vietnam et Philippines.
S’ils réduisaient leurs déchets de 65%, cette même pollution serait divisée par 2 dans les 10 prochaines années.
Il est donc essentiel de régler les problèmes liés à cette pollution par priorité. Et c’est la que la « Plastic Bank » montre le bon exemple. Un concept à la fois très simple mais aussi très engageant et motivant pour les populations les plus pauvres.
Plastic Bank. Payer pour ramasser les déchets
L’idée :
Payer les gens des pays en voie de développement à ramasser et à trier les déchets dont la majeure partie sont en plastique.
Les déchets plastiques deviennent alors une monnaie d’échange permettant aux personnes de sortir de la pauvreté tout en contribuant à la dépollution.
Un réel potentiel économique et écologique qui concerne les pays les plus pauvres, source majeure du problème de cette pollution par le plastique.
En finir avec certains produits en plastique très polluants comme…
Les pailles en plastique
L’un des chiffres le plus révélateur : aux U.S.A., 500 millions de pailles en plastique utilisées CHAQUE JOUR…
Il est désormais temps de passer aux VRAIS alternatives :
- se passer de cet objet le plus souvent possible
- opter pour de vraies pailles en bambou ou en pailles en fibres naturelles ! Strohmi donne l’exemple
De plus en plus d’interdiction
- chez nos amis anglais.
- chez nos amis suisses
- dans l’hôtellerie comme chez l’hôtelier mondial Hilton
Des pailles réutilisables en Inox, la bonne solution ?
Je dirai dans un premier temps OUI si elles sont fabriquées et utilisées localement. Au moins en Europe pour ce qui nous concerne.
Malheureusement, la plupart de ces pailles qui commencent à apparaitre dans beaucoup de magasins et épiceries #zerodechet proviennent de Chine.
Un non-sens pour moi que d’importer ces pailles d’Asie car elles arrivent obligatoirement par avion ou porte-conteneurs. Et sachant que les 20 plus gros porte-containeurs (sur plus de 50000) polluent autant que toutes les voitures dans le monde, on a de quoi se poser la question sur la démarche écologique qui est mise en avant.
Plus jamais ça…
Les bouteilles en plastique
Un fléau pour l’environnement. J’abordai le problème l’année dernière dans cet article avec une belle infographie.
La vaisselle plastique à usage unique : assiettes, gobelets, couverts
Dans ce domaine, nous sommes sur la bonne voie. L’Union Européenne planche sur le sujet depuis plusieurs années. L’année 2020 verra naitre une interdiction à la vaisselle jetable en plastique. Enfin.
Pour conclure, je pense qu’il appartient à chacun de nous de prendre réellement conscience du drame qui est en train de se produire et de réagir urgemment. Le documentaire Plastique Partout doit nous pousser à tirer le signal d’alarme et à réagir immédiatement pour limiter la production du plastique, voire l’interdire dans de nombreux domaines.
Car nous sommes en train de plastifier notre planète et chacun de nous doit prendre ses responsabilités.
Bernard Blanc
Friday 5th of October 2018
Bonjour Je fréquente souvent les hôtels et il y a très souvent un paradoxe ! Il est demande de poser sa serviette à ne pas changer sur les barres adéquates, et laisser par terre ou sur la douche, celles qu'il faut changer. A chaque serviette non re lavées ils plantent un arbre ... Superbe idées. A cote de cela il y a des verres en plastiques, enveloppés dans un sac plastique, et systématiquement changé tous les jours même si on reste plusieurs ! C'est logique ? Écologiquement parlant qu'est ce qui est le plus polluant ? Re laver une serviette ou fabriquer de nouveaux verres plastique dans sachet plastique, au demeurant hyper embêtant à ouvrir
Laurent
Thursday 11th of October 2018
Bonjour, Je suis tout à fait d'accord avec vous. Même chose avec les produits ("amenities") de toilettes en dose individuelle plutôt que des distributeurs... Ça fait plus classe vis à vis du client ! Laurent.