Les sacs plastiques à usage unique sont interdits en caisse depuis plus de 2 ans maintenant (1er juillet 2016). En 2015, leur distribution avait été estimée à près de 17 milliards d’unité rien qu’en France !
Des sacs utilisés quelques heures voire quelques minutes seulement et très souvent retrouvés dans la nature…Mais pour commencer, que dit le décret (31 mars 2016) visant cette interdiction de sacs plastiques ?
Interdiction des sacs en plastique à usage unique, la loi
- En caisse, depuis le 1er juillet 2016, seuls des sacs plastiques réutilisables (c’est-à-dire d’une épaisseur de plus de 50 microns) ou en d’autres matières que le plastique (tissu, papier, etc.) peuvent être remis aux clients, que ce soit à titre gratuit ou non.
- Depuis le 1er janvier 2017, pour les sacs autres que les sacs de caisse, par exemple pour les produits frais (fruits et légumes, poissons, viandes etc.), les produits en vrac ou tout autre produit emballé sur le point de vente, seuls les sacs biosourcés (avec une teneur minimale exigée en matière végétale – qui augmente progressivement dans le temps) et compostables en compostage domestique peuvent être utilisés.
- Sont interdits les emballages ou sacs fabriqués, en tout ou partie, à partir de plastique oxo-fragmentable. Rappelons qu’un plastique oxo-fragmentable est dégradable mais non assimilable par les micro-organismes et non compostable conformément aux normes en vigueur applicables pour la valorisation organique des plastiques. Cette dernière interdiction est déjà en vigueur depuis le 18 août 2015.
Tout en reconnaissant que cette loi permet de réduire de manière significative le nombre de sacs plastiques distribués aujourd’hui, tous les problèmes rencontrés auparavant ne sont pas réglés pour autant.
Des sacs plastiques qui n’ont pas tous disparu du paysage
Partant du principe que seuls les sacs plastiques d’une épaisseur de + de 50 microns sont autorisés en caisse, on les retrouve encore aux caisses de la grande distribution. Dans les petits commerces, les marchés et les magasins généralistes.
Dans la grande distribution
Du fait qu’ils soient désormais tous payants, force est de reconnaître qu’on observe une baisse significative de leur utilisation. Une utilisation fortement en baisse et qui prouve et que le comportement du consommateur a changé.
Personnellement, je trouve plus logique de quitter la caisse d’un supermarché avec de vrais sacs réutilisables que des sacs plastiques ordinaires. De mon côté, j’essaye le plus souvent de penser à prendre mes sacs réutilisables (type polypropylène tissés). Ces derniers sont plus pratiques et plus costauds pour emporter les courses. Mais malheureusement, ils ne sont pas recyclables.
Dans les petits commerces et magasins généralistes
Ils sont encore proposés par certains commerçants et le plus souvent gratuitement. J’imagine que le prix des articles vendus inclut le coût du sac car rien n’est gratuit. Pour ma part, dès que je le peux et quand la taille des articles le permet, je les refuse systématiquement. Je vais être honnête, il m’arrive encore d’en utiliser lorsque je n’ai vraiment pas le choix et que je n’ai rien d’autre pour transporter ce que j’achète.
Sur les marchés
Comme on peut s’y attendre, ils sont encore bien présents mais croisent de plus en plus les cabas et les sacs réutilisables (en tissu ou en polypropylène tissé). Je reconnais qu’ils sont encore très pratiques pour emporter des produits frais comme les huîtres, moules et poissons. Des produits qui nécessitent un emballage solide et surtout étanche ! Des emballages difficiles à remplacer car ils sont très pratiques.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Un sac en polypropylène tissé (non recyclable) a besoin d’être utilisé entre 25 et 33 fois pour égaler l’impact environnemental d’un sac en plastique d’une épaisseur de 17 microns utilisé une seule fois.
Moins de sacs plastiques mais plus épais…
Il est assez paradoxal que ce point important n’ai pas été mis en avant et autant étudié. Finalement, ils sont 3 fois plus épais que les anciens sacs en plastique utilisés.
Dites-moi si je me trompe avec le calcul ci-dessous !
Épaisseur des anciens sacs plastiques (provenant majoritairement d’Asie par ailleurs) = 15/17 microns.
17 X 3 = 51. Donc trois plus de matière plastique utilisée que dans les anciens sacs…
Bien que ces sacs doivent obligatoirement afficher la mention réutilisable, on ne me fera jamais croire qu’ils sont réutilisés par la plupart des consommateurs. A une seule exception près : pour les déchets de la poubelle…
Également, l’exemple des sacs plastiques de type « cornet » pour emporter des bouquets de fleurs. Même avec la mention réutilisable, pensez-vous un seul instant qu’ils seront réutilisés ? Moi pas.
Quant aux sacs biosourcés et compostables qui remplacent désormais les sacs plastiques aux rayons frais, voyons ce qu’il en est.
Les sacs biosourcés et compostables
Est-ce vraiment la bonne solution actuellement ? Je dis bien actuellement. Je ne crois pas et je vous explique pourquoi.
Le cas du sac biosourcé
Pour avoir cette dénomination, il faut que ce type de sac contienne au minimum 40% de matière végétale. Dans le futur, ce seront les minimums ci-dessous :
- 50% en 2020
- 60% en 2025
Tant et si bien que ce sac est et sera toujours fabriqué à base d’énergie fossile. On peut donc douter de la réelle biodégradabilité d’une partie de sa composition. Cette dernière étant du toujours du plastique ! Pour ces raisons, ce n’est pas un sac 100% naturel.
Le cas du sac compostable
Là aussi, l’intention est bonne. Mais ce type de sac est-il adapté pour la majorité des consommateurs et distributeurs ? Tout le monde ne possède pas un composteur individuel et la collecte de biodéchets est loin d’être généralisée.
Autre frein, son prix. Il est dissuasif et pousse certains distributeurs à contourner la loi en optant pour d’autres types de sacs. J’aborde le sujet un peu plus bas.
Compostable. Oui mais… Comme pour le sac biosourcé, je trouve cette dénomination galvaudée. En effet, il y a plusieurs normes au niveau de la compostabilité et beaucoup d’entre nous se font avoir sur le sujet. C’était mon cas avant.
LES DIFFÉRENTES NORMES COMPOSTABLES
La norme EN13432 (pour la France NF EN 13432)
Pour faire simple, un sac affichant cette norme doit être en mesure d’atteindre 90% de biodégradation en moins de 6 mois s’il est soumis à un environnement riche en gaz carbonique. Aussi, lorsqu’il est mis en contact avec des déchets organiques pendant 3 mois, la masse de matériau doit être constituée au moins de 90% de résidus inférieurs à 2 mm de diamètre.
La norme FR EN 13432 ne garantit donc que le compostage de façon industrielle. Elle est donc insuffisante pour un compostage domestique (compost de jardin par exemple).
La Norme NF T 51-800 (Novembre 2015) pour le marché français
Il s’agit d’une norme française qui précise que la période de biodégradation du produit doit durer de 6 à 12 mois selon l’efficacité du composteur et les conditions climatiques (température et hygrométrie). Elle valide un compostage domestique effectué plus lentement qu’un compostage réalisé en conditions industrielles.
La loi considère donc qu’un sac bénéficiant de cette norme peut être composté même s’il est composé partiellement de plastique à base de pétrole car les sacs biosourcés en bénéficie.
A moins d’être idiot ou de ne pas comprendre, une partie du plastique après sa biodégradation finit donc dans la nature. Je me trompe ?
Alors pourquoi il est mentionné également : « La biodégradation implique une décomposition en éléments divers dépourvus d’effets toxiques sur le milieu naturel. » Il va falloir qu’on m’explique car je suis perdu…
Je pensais naïvement jusqu’à aujourd’hui qu’un sac à base de plastique ne pouvait être composté. Ce n’est pas le cas apparemment !
La certification TUV Autria – Ok Compost HOME (anciennement Vinçotte)
OK compost HOME (de TUV Autria – organisme privé) est une certification qui garantit une biodégradation complète dans ces conditions particulières telles que pour le compostage à domicile. Elle est également en conformité avec la norme NF T 51-800.
On la trouve sur des emballages compostables mais en minorité par rapport à la norme NF EN 13432.
L’absence de collectes destinées au compostage industriel
A l’heure actuelle, les collectes de biodéchets ne sont pas présentes sur l’ensemble du territoire. Je prends l’exemple de la région ou j’habite (Annecy) où à ma connaissance, aucun site ouvert au public pour récolter ce type de déchets.
Ainsi donc, la plupart des sacs compostables que nous utilisons se retrouvent tout simplement dans notre poubelle avec pour seule destination finale, l’incinération.
On pourrait également aborder le problème de l’étiquette apposée sur les sacs compostables. Quelle que soit la norme.
Car la plupart de ces étiquettes n’affichent aucune norme ou certification et sont pourtant collées sur les mêmes sacs…
DIFFÉRENCE ENTRE LE COMPOSTAGE DOMESTIQUE ET COMPOSTAGE INDUSTRIEL
Notons que le compostage est un procédé biologique naturel pour valoriser les matières organiques (déchets de cuisine, déchets de jardin, déchets verts…). Les micro-organismes tels que vers de terre, cloportes, bactéries et champignons assurent la dégradation des déchets en un produit stabilisé, riche en minéraux et semblable à un terreau : le compost.
Le compostage domestique
Ce compostage individuel peut se faire dans un composteur de fabrication artisanale ou un composteur proposé gratuitement ou vendu par la municipalité ou des commerces spécialisés. Il peut être effectué chez soi mais il demeure néanmoins contraignant pour beaucoup d’entre nous car il faut arroser ses déchets, les retourner, être patient. Vous ne récoltez du compost qu’après plusieurs mois. Entre 4 et 6 généralement.
Sa température peut varier en fonction des saisons et de la méthode utilisée : entre 10 et 55/60°.
C’est une méthode nécessitant du temps et de la rigueur. De l’espace aussi 😉
Le compostage industriel
Voici un procédé qui s’apparente au compostage en casier mais avec un niveau de confinement supérieur. Chaque tunnel ou caisson constitue un réacteur fermé et piloté de façon autonome en termes d’aération et de gestion de l’humidité. Il est utilisé notamment pour les biodéchets industriels ou ménagers (issus de collecte sélective), particulièrement fermentescibles.
Il permet de maintenir une température de fermentation plus stable (plus de 55°) au moins pendant 72 heures.
L’arrosage est aussi réalisé sur une plateforme étanche et évite ainsi les infiltrations vers les nappes phréatiques ce qui n’est pas le cas dans le système du compostage domestique.
Compostage industriel : nous pouvons mieux faire !
En 2018, la part des emballages compostés dans des sites de compostage industriel avoisine les 1 %. Ce pourcentage minime est amené à augmenter afin de répondre aux nouvelles exigences européennes. L’obligation de généralisation du tri à la source des biodéchets (25 à 35 % en masse des déchets des ménages) et de leur valorisation d’ici 2025 en France, et dès fin 2023 en Europe, conduira au développement de la valorisation organique et des sites de compostage industriel en France.
A ce jour, la France recense environ 700 sites qui compostent majoritairement des déchets verts (déchets de jardin). Une quinzaine seulement traitent également des biodéchets issus d’un tri à la source et d’une collecte séparée.
De la même manière que les sacs biosourcés et les sacs compostables, d’autres sacs ont vu le jour mais la loi ne les avait pas vu venir : les sacs en papier mixés de plastique.
Des sacs en plastique remplacés par des sacs en papier
Toujours dans un but d’utilisation à usage unique, des sacs en papiers sont apparus pour remplacer les sacs en plastique. Ils sont souvent mixés avec une fenêtre en plastique pour faire apparaître le type de produit. On retrouve ces sacs aux rayons frais de nombreux magasins.
Étant donné que la loi n’interdit pas le plastique mixé avec le papier, ces sacs ont de grandes chances de finir à la poubelle sans être recycler. Car à moins d’informer le consommateur, celui-ci n’aura pas l’idée de séparer la fenêtre en plastique du papier kraft entourant celle-ci.
En guise de conclusion, je dirai que cette loi était absolument nécessaire. Mais elle doit être mieux pensée. Rendre obligatoire la mention « Réutilisable » sur un emballage ne veut pas dire qu’il sera réutilisé. Afficher la mention compostable doit avoir un sens réel : logique et écologique.
Pour terminer, je vous propose de regarder le débat ci-dessous en vidéo et proposé par www.actu-environnement.com. Sur le même sujet que cet article !
Sources :
- Décret no 2016-379 du 30 mars 2016. Télécharger le Décret no 2016-379 du 30 mars 2016
- Association canadienne de l’industrie des plastiques (ACIP)
- Les plastiques biosourcés (Ademe) – Télécharger la fiche – Les plastiques biosourcés (Ademe)
- Conseil National de l’Emballage – L’emballage après consommation du produit
- Actu-environnement.com